Le Guide de la Révolution, à la suite d’une rencontre avec le président et les députés du Parlement islamique, a rappelé entre autres le symbole important de la libération de Khorramchahr. Pour lui, cette victoire a permis de changer la donne pendant la guerre et de renverser les tendances nationales et internationales.
En pointant le rôle central du Parlement dans l’administration de l’État, et particulièrement lorsque le pays fait face à des difficultés dans un contexte international délicat, il a invité tous les appareils de l’État à coopérer activement et à veiller à la bonne entente entre eux. “Il est absolument nécessaire de connaître justement nos forces et faiblesses car l’ennemi se concentre sur nos faiblesses plutôt que de compter sur ses propres capacités à nous nuire”, a-t-il rappelé.
Le Guide de la Révolution est revenu longuement sur les commémorations de la libération de Khorramchahr : “Cette victoire a permis de renverser les tendances en faveur des combattants engagés dans la voie de l’Islam.”
L’Ayatollah Khamenei a ajouté : “les élément déterminants dans la bataille de libération de Khorramchahr sont : l’action révolutionnaire et «jihadi», le dépassement de soi, la persévérance, la vision à long terme, la prise d’initiative et enfin, qui n’est pas des moindres, l’intention pure et l’intercession à Dieu.”
Pour lui, ceci est une formule générale pour la victoire et ne se limite pas qu’à un seul temps. À ce propos, il dit : “Dans le Coran, Dieu garantit un résultat à ceux qui agissent avec résilience sur cette voie en appliquant ces paramètres” et plus loin il poursuit : ”le dépassement de soi signifie d’aller au-delà de nos désirs frivoles. Une grande partie des problématiques liées à nos personnes et à la société vient de nos désirs.”
Dans une autre partie de son discours, l’Ayatollah Khamenei s'est intéressé aux sujets relevant du Parlement et de son importance dans le pays. Il a rappelé aux députés, originaires de province ou des villes, le devoir de veiller à préserver le statut important du «Majlis» et de son rôle essentiel dans les affaires de l’État. “Ils doivent être conscients des difficultés et des complexités qu’engendrent la gestion du pays”, a-t-il ajouté
En rappelant l'étendue, la géographie ainsi que le climat diversifié de l’Iran, il a dit : “l’administration d’un pays tel que l’Iran est une tâche importante, et dans le contexte international actuel, ceci est tout naturellement difficile et complexe” mais il rappelle également que “le contexte délicat a rendu la tâche difficile à tous les pays”.
L’Ayatollah Khamenei s’est ensuite intéressé aux causes réelles de cette situation difficile : “la rivalité féroce des puissances entre elles et les menaces d’attaque nucléaire, les tensions militaires à l’est de l’Europe qui est devenue une des zones de conflit les plus importantes dans le monde, ainsi qu’une épidémie et une pénurie alimentaire mondiales.”
Dans ce contexte tendu, il estime que l'Iran, en plus de subir les effets de cette situation, “doit faire face à d’autres menaces qui lui sont imposées par l’ordre impérial qui asservit le monde.” Et ce, car l’Iran propose une nouvelle alternative face à cet ordre mondial : “la démocratie théocratique ou religieuse.”
Il ajoute également que la République Islamique tiendra bon face à toute cette animosité et sortira victorieuse de cette épreuve et continuera à progresser. “Les députés du Parlement, le gouvernement, la justice et tous les appareils de l’État doivent être conscients de l’importance de leur tâche et veiller à leur échelle à corriger tout dysfonctionnement."
Le Guide de la Révolution a qualifié ce Parlement de révolutionnaire au début de leur mandat. Il a dit à ce propos : “Certains n’ont pas apprécié que j’utilise ce qualificatif mais cela définit une réalité. Le peuple a choisi des députés qui prônent une ligne révolutionnaire.”
Les slogans et la ligne révolutionnaire sont pour certains une source de problème pour le pays. L’Ayatollah Khamenei a rejeté cette idée et considère que “le chemin vers les aspirations révolutionnaires est dans l'intérêt du pays et un remède aux maux de celui-ci.”
Mais dans ce chemin, ce qui est plus dur c’est de rester sur cette voie. Il a dit à ce sujet : “Certains, qui au début de la Révolution étaient qualifiés de «super-révolutionnaires» tellement ils étaient remplis de force et d’ardeur, n’ont finalement pas pu endurer la difficulté de cette voie et ont renoncé. Ce qui veut dire que la difficulté réside dans le fait de rester sur ce chemin. Le «Majlis» doit continuer sur cette voie.”
Il a ensuite énuméré les critères qualifiant un député de «révolutionnaire» : 1. «Avoir une vie simple et dénuée d'excès en tout genre», la vie d’un député ne doit pas changer avant et après un mandat. 2. «Avoir le sens des responsabilités».
À propos de ce dernier point, il a dit : “Restez fermes sur l’application des lois que vous légiférez. Cependant, quand vous êtes conscients que celle-ci sera rejetée par le Conseil des gardiens ou que le gouvernement n’aura pas la capacité de l'exécuter, ne la votez pas juste pour vous dédouaner de la responsabilité.”
3. «Être proche du peuple» signifie “aller à la rencontre de la population et écouter ce qu’ils ont à dire en vue de mettre en œuvre leurs souhaits”. Cependant, si cela n’est pas possible “prendre le temps de leur expliquer clairement les raisons.” C’est ce qu’on appelle «la bataille pour le récit juste.»
4. «Prioriser les problèmes principaux» 5.«Se battre contre toute forme de corruption et de discrimination» : autant ce qui peut menacer directement que ce qui peut toucher les autres. 6.«Veiller à la bonne entente et à la synergie entre les différents organes de l’État» : éviter les querelles intestines.
À ce propos il ajoute : “un député «révolutionnaire» doit se considérer avec le peuple. Néanmoins, il ne doit pas non plus tomber dans le piège de la démagogie et ne doit pas se laisser guider par les émotions. Par conséquent, lorsque des critiques bienveillantes et fondées sont émises quant à une loi, acceptez-les. Et à l’inverse, si c’est juste un chantage pour vous faire reculer, il faut tenir bon et veiller à la bonne tenue de votre mission.”
7.«Être dédié à l’application de la Constitution» est le dernier critère émis par le Guide de la Révolution. Il termine cette partie de son discours en disant : “les interventions fougueuses lors des sessions du Parlement par les députés ne font pas partie des critères du député «révolutionnaire».”
L’Ayatollah Khamenei s’est ensuite concentré sur les recommandations à prendre en compte pour édicter une loi.
Pour lui, quand un vide législatif existe dans le pays et que le gouvernement n’a pas de projet de loi en vue, le Parlement doit intervenir et proposer une loi pour combler ce vide. Toutefois, il juge important de rappeler que “le nombre de projets de loi venant de ce Parlement est trop élevé par rapport au Parlement précédent et que ceci n’est pas constructif.” Cela peut “entraver le travail d’expertise nécessaire et gêner l’application de la loi”. Dans ce cas, “la loi perd de sa valeur et décrédibilise l’institution”. À ce sujet, il a ajouté : “Ce sont des projets de lois qui ont demandé beaucoup de temps qui vont en pâtir aussi car ils seront mis de côté avec l'arrivée des nouveaux. Cela doit être corrigé."
La réforme du budget a été le point suivant émis par l'Ayatollah Khamenei. “Il existe toujours des imperfections concernant le budget qui doivent être résolues. Ceci est de la responsabilité du gouvernement mais le «Majlis» ne doit pas augmenter les dépenses pour creuser encore plus le déficit budgétaire sans avoir déterminé les ressources nécessaires. Le déficit budgétaire est la principale maladie de notre économie.”
Pour lui, il faut renforcer le travail d’expertise au sein du Parlement. Et ceci, en mettant à l’honneur le centre des recherches et les commissions parlementaires spécialisées ainsi qu’en rédigeant le septième plan de développement du pays. “Dans ce genre de planification qui se fait sur cinq ans, il ne faut pas se suffir aux généralités. Il faut plutôt qu’en ayant une approche orientée à la résolution des problèmes, le Parlement et le gouvernement s’allient pour rédiger un programme qui éclaire le chemin du pays”, a-t-il estimé.
Il a énuméré quelques exemples des domaines à prendre en compte dans ce nouveau plan de développement, tels que l’agriculture, les ressources minières, l’industrie ou bien l’aménagement du territoire. “Une grande partie de nos ressources minières n’est pas encore exploitée. Beaucoup de nos problématiques liées à l’industrie ne sont pas encore résolues et notre stratégie dans ce domaine est encore indéfinie. Il faut apporter des solutions méthodiques et rédiger un document qui va servir de guide pour arriver aux résultats escomptés”, a-t-il déclaré.
Un autre point soulevé durant le discours est l’attention toute particulière qu’il faut avoir envers l'opinion publique et comment rassurer le peuple lors de la promulgation des lois. “Quand on n’explique pas les choses clairement à la population, nous favorisons le terrain aux scandales et aux polémiques au sujet d’une loi, ce qui finira par vous décourager à légiférer et à mettre en vigueur une loi”, a-t-il rappelé.
L’Ayatollah Khamenei a applaudi l’action menée par la Cour des Comptes durant ces dernières années. Cette institution a en effet entrepris récemment des audits budgétaires sur quelques entreprises publiques. Il estime que si cette tâche se répercute et s'étend à toutes les entreprises de l’État, “elle sera reconnue parmi les grandes réalisations de ce Parlement”.
Le Guide de la Révolution est revenu brièvement sur la recommandation qu’il avait faite aux députés sur le fait de ne pas intervenir lors des nominations et investitures et que certains n'avaient pas appréciées. “Cela est dans votre intérêt. Prenons l’exemple d'une circonscription où une personne est nommée après qu’un député soit intervenu en sa faveur. Si pendant ou à la fin de sont mandat, son action n’est pas satisfaisante, à qui doit-on demander des comptes ? Ce n’est pas clair.” Il ajoute un peu après : “La nécessité de la séparation des pouvoirs est un principe important de la Constitution.” Chacun doit agir en fonction de ses devoirs même si j’ai rappelé plusieurs fois aux responsables gouvernementaux de consulter les parlementaires.”
Il a également rappelé qu’il faut préserver l’honneur des gens et éviter de communiquer dans le parlement des faits non avérés. Plus la responsabilité d’une personne est élevée, plus “elle doit avoir une relation étroite avec Dieu et demander aux Imams d'intercéder pour elle.”
Pour conclure, le Guide de la Révolution a salué l'âme de l’Imam Khomeini et celle des martyrs de la Révolution islamique et de la guerre défensive sacrée. Il a également honoré la mémoire du martyr Sayyad Khodaei qui a été assassiné il y a trois jours lors d’un attentat terroriste.
Au début de cette rencontre, M.Qalibaf, président du Parlement islamique, a présenté son rapport concernant les actions menées depuis le début de la 11éme édition du «Majlis». Pour lui, la neutralisation des embargos est la stratégie principale dans laquelle s’inscrit le Parlement. “Dans le cadre de cette stratégie, le «Majlis» veut poursuivre son objectif de transformation de la réglementation économique”, a-t-il expliqué.
Le président du Majlis a notamment rappelé que son institution aimerait, en plus de traiter les problèmes à la racine au long terme, remédier également aux problématiques à court terme de la population en promulguant par exemple la loi sur la redistribution du subside relatif à la devise préférentielle sous forme de coupon à la population.